Nous étions quelques uns, ce matin-là,
à répondre à l’invitation du Jardinier de Belle-Ile-en-Mer.
« Quelques pas dans mon jardin »,
avait promis Michel Damblant.
Nous avions oublié que cet homme-là
appartient à l’espèce Olitor viator (« Jardinier
voyageur » 2),
où Carl von Linné, le naturaliste du 18e siècle,
n’aurait pas manqué de le classer.
Nous aurions dû savoir qu’un tel
jardinier a fait sienne la définition du jardin qu’en donne le
philosophe Michel Foucault « Le jardin, c’est la plus petite
parcelle du monde, et puis c’est la totalité du monde ».
3 000 m² de jardin à Belle-Ile,
pour ce baroudeur botaniste : à peine assez vaste pour nous
initier au langage des plantes. Traducteur des fleurs de son jardin ?
Bien plus ! Interprète international des populations végétales
de toute une planète…
En route ! Mais je n’avais pas
prévu de chausser mes bottes de sept lieues, moi. Ni de chevaucher le temps à rebours sur plusieurs dizaines de milliers d’années.
Quelques pas ? Un véritable tour
du monde, oui ! Assorti d’un vertigineux voyage dans le temps.
Jusqu’à la dernière glaciation,
pour commencer…
Il n’a pourtant pas l’air d’avoir froid,
notre guide. Dégaine de routard, nus pieds en short et sandales,
visage sculpté par les vents sous une casquette lessivée par les
éléments. Seule concession à un éventuel petit refroidissement :
un tricot marine noué sur les reins, manches pendantes, juste au cas
où… Une petite laine pour l’ère glaciaire !
Do Spillers est auteur
de contes et nouvelles pour jeunes lecteurs, dont L’Arbre qui
parle (Editions Milan).
2Depuis
les années 1970, Michel Damblant a roulé sa bosse en Afrique, au
Niger, au Mali et ailleurs, nouant avec les peuples Songhoï des
relations durables. Sur place, avec les Touaregs, il est à la base
de plusieurs installations de potagers éducatifs qu’il soutient
avec son association « Des Jardins au Sahara ».
Un humain qui fait alliance avec le végétal, au profit d’autres
hommes.
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