Dès l’entrée de son Eden du
Voyageur, en peu de mots, notre Olitor
fabulator (« Jardinier conteur ») entraîne
notre petite troupe de visiteurs sur un drôle de toboggan temporel.
Il y a 110 000 ans, voici qu’une
armée de glaciers déboule jusqu’au sud de l’Europe. Un
froid sibérien remplace le climat tempéré doux de la période
interglaciaire qui précède ! Au passage de ce rouleau
compresseur glacé, les reliefs sont bouleversés, la plupart des
espèces vivantes sont impitoyablement éliminées. Une vague de
froid de plus de 100 000 ans, pensez !… Et le thermostat
ne remontera qu’il y a 12 000 ans.
Certains soirs, le vent dans les
branches chuchote que certaines ont réussi à revenir. Et –
pouvoir magique des mots du Jardinier ! – sous nos yeux, la
végétation se met en mouvement pour repeupler la toundra que ce
long hiver avait laissée : 400 mètres par an pour la forêt, 1
km par an pour les autres plantes. Oui, les plantes ont migré, comme
l’avaient fait, à l’époque, les Homo sapiens de la
grotte de Lascaux et leurs voisins de palier, les Néanderthal.
S’adapter ou disparaître !
De retour avec nous au 21e
siècle, le Jardinier d'aujourd’hui se souvient. Comment il a dû,
il y a plus de 30 ans, se mettre d’abord à l’écoute du lopin
qu’il venait d’acheter. Bizarrement, pour y planter son jardin
rêvé, il fallut d’abord arracher sans pitié : car, au pied
des grands pins qui envahissaient le domaine, rien ne pouvait
pousser. Ensuite, s’entendre avec le climat particulier de l’île,
se mettre au service du terrain, lui offrir des haies arbustives pour
le protéger des vents, créer des massifs de plantes qui s’arrangent
entre elles. Favoriser les rapports de bon voisinage pour que
celles-ci profitent de l’ombrage ou des qualités dispensées par
les cousines d’à côté1.
Au moyen d’un paillis d’écorces semé sur toutes les zones nues,
arriver à préserver le sol du dessèchement en utilisant le moins
d’eau possible pour l’arrosage. Il faut dire que le Jardinier
voyageur n’est pas revenu ignorant du sud Sahara et de la steppe
aride du Sahel où l’eau – quand il y en a – est plus précieuse
que l’or. Ce n’est pas avec les arroseuses de pelouses d’Amérique
du Nord ou avec l’irrigation des cultures du maïs en France qu’il
a appris à gérer l’eau2 !
1Les
adeptes de la permaculture n’agissent pas autrement !
2Le
maïs est la plus gourmande des cultures irriguées en France. Les
Etats-Unis, champions de la consommation d’eau (plus de 250 litres
par personne et par jour) en utilisent la plus grand part pour
l’arrosage de pelouses !
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